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Et si on dollarisait l'Afrique de l'ouest?

Posted on 2017/05/11

* Et si on « dollarisait » l’Afrique de l’ouest ?

Par Kiari et Zacharie LIMAN-TINGUIRI[1]*

Le franc CFA est de plus en plus impopulaire, à en juger par les médias, sans inquiéter apparemment les autorités politiques des pays utilisant cette monnaie. Le rejet bruyant du CFA perdure sans déclencher un processus de réforme, ce qui accroit le risque d’une transition brutale, s’il survenait un choc extérieur majeur. Et la discussion se fait dans une confusion si grande qu’il est difficile d’en réaliser une synthèse utile. L’objet de cet « essai »[2] est précisément de clarifier les enjeux, pour faciliter l’évaluation sereine des options disponibles. Ainsi seulement, nous semble-t-il, le débat public nécessaire, sera aussi utile.

Un fait historique devenu encombrant

Le CFA est un fait historique, un fait colonial, dont la survivance est même présentée par certains comme une manifestation vivace de néocolonialisme, voire une violation de la souveraineté de nos Etats. « Battre monnaie » fût en effet d’abord un privilège régalien, puis un attribut de la souveraineté des états. Depuis l'antiquité les souverains se servaient du droit de seigneuriage, que confère le monopole de l’émission monétaire, pour financer les guerres par un impôt implicite, l'émission sans contrepartie de toute monnaie réduisant le pouvoir d’achat collectif, et la valeur de l'épargne dans cette monnaie. L’abus du droit du seigneuriage est l’une des raisons qui ont imposé la création de la première banque centrale : la banque d'Angleterre, instituée pour éviter que la couronne puisse financer des guerres qui ne sont pas approuvées par le parlement, qui contrôle le trésor public. Les fonctions essentielles de la monnaie - unité de mesure des valeurs, moyen de paiement, instrument d’épargne- sont comprises depuis fort longtemps mais la politique monétaire reste complexe et repose en réalité sur des leçons tirées d'expériences historiques. La gestion de la monnaie, surtout lorsque l’on veut s’en servir dans la poursuite d’un objectif aussi vaste que l'amélioration du niveau de vie des usagers de cette monnaie, est un art bien plus qu’une simple technique qui serait juste l’application rigoureuse d’une science infaillible. Le débat devrait donc être libre et ouvert.

Telle qu’elle fonctionne actuellement, la zone CFA consiste essentiellement à la mise ensemble d’une partie (50%) des réserves de change des pays membres en dépôt auprès du Trésor français, en contrepartie de l’accès à un tirage théoriquement illimité et inconditionnel d’Euros contre du CFA au taux de change fixe de 1 euro pour 657 francs CFA. Au surplus, les pays s’astreignent à quelques règles encadrant l’émission monétaire et à une régulation commune du secteur financier.

II n’est pas difficile d’instruire, en tout cas à charge, le procès du CFA [3] car le réquisitoire est particulièrement convaincant à trois niveaux. Tout d’abord, la monnaie commune n’a servi ni l’intégration des pays membres ni leur croissance économique, deux conditions essentielles à leur développement. Le commerce intra zone CFA est de l’ordre de 15% et tous les pays de l’UEMOA ont un faible développement humain, selon la classification du PNUD. Ensuite la banque centrale a poursuivi des objectifs qui n’étaient pas « bons pour la croissance », et faisant trop bien ce qu’il ne fallait faire que modérément, elle a enfermé les pays dans une « servitude monétaire »[4]. Elle pratique des taux de couverture de l’émission par les réserves de change de l’ordre de 80%, bien au-delà de ce que requièrent les arrangements du compte d’opérations. Enfin depuis 2010, la banque centrale ne finance même plus les Etats à hauteur de 20% de leurs recettes fiscales comme par le passé. Désormais indépendante des Etats membres, sans l’être totalement de Trésor Français, la BCEAO ne semble pas stimuler la croissance davantage que lorsque les ministres des finances déterminaient sa politique monétaire.

*L’obsolescence de la monnaie commune*

Le CFA n’a pas été conçue, dès l’origine, selon des critères qui en feraient une zone monétaire optimale. Aujourd’hui encore, les économies des pays qui composent la zone, ne sont pas suffisamment harmonisées pour qu’une une seule politique monétaire puisse être aussi efficace qu’elle l’aurait été dans un seul Etat. On sait du reste, qu’en vertu du « trilemme » théorisé par Mundell[5], que dans les conditions de la zone franc (Taux de change fixe, libre circulation des capitaux), la politique monétaire ne peut être efficace. Et cela semble encore plus vrai dans des économies faiblement bancarisées, avec des secteurs informels massifs[6] et un secteur financier embryonnaire. Les pays membres commercent davantage en dehors qu’à l’intérieur de la zone. II y a plutôt une « intégration verticale » avec les pays européens de la zone Euro, mais celle-ci obéit à un modèle d’insertion au commerce mondial qui reste basée sur l’exportation de produits primaires. De plus ils attirent moins d’investissements directs étrangers que les autres pays africains et surtout moins que leurs besoins [7] . L’un des avantages de l’intégration régionale, ce sont les économies d’échelle qu’un marché régional commun plus vaste, aurait permis aux entreprises des Etats membres. Force est de constater que le CFA n’a pas créé un tel marché à l’échelle de l’Union. La monaie commune n’a donc été ni un vecteur de transformation des économies de la région, ni un facteur de diversification de leurs exportations.

Les pays membres sont à des niveaux très différents les uns des autres en termes de revenus (le PIB/T du Niger est inférieur au tiers de celui de la Côte d’Ivoire), mais à beaucoup d’égards ont divergé depuis leur indépendance et divergent encore, malgré les critères dits de convergence adoptés en 1994. En réalité les économies nationales sont exposées fréquemment à des chocs exogènes différents par leur nature et par leur ampleur. La monnaie commune, et le taux de change fixe avec l’Euro, privent chaque pays de la possibilité d’une réponse appropriée et proportionnée à son propre choc. II faut en effet un consensus de tous pour réajuster la parité entre le CFA (ce qui s’est produit en 1994) et la monnaie ayant cours en France et modifier, par ricochet, le taux de change vis-à-vis des autres devises. Cette inertie a un coût différent pour chaque pays et presque chacun des pays de la zone en a fait l’expérience à un moment ou à un autre. C’est ainsi que, par exemple, le Niger a payé un prix fort en termes de compétitivité de ses exportations et de bien-être de ses populations, parce qu’il ne pouvait pas dévaluer seul, face à la dépréciation continue de la naira entre 1980 et 1987. Aucun autre pays de l’UEMOA, sauf peut-être le Benin, n’avait subi ce choc. L’entrée récente du Nigeria en récession « plombe » la conjoncture du Niger et du Benin depuis 2016, mais n’affecte pas le Sénégal ni la Côte d’Ivoire.

*Un débat tronqué par des tabous*

Les scenarios envisagés pour sortir de « l’impasse CFA » évitent soigneusement certaines options. En effet, toutes les propositions supposent un avenir monétaire commun aux membres de l’UEMOA, soit par une refondation d’un CFA sans compte d’opérations (qui risque d’être en réalité une zone ivoire) soit par sa dissolution dans une monnaie de la CEDEAO (qui risque elle d’être une zone naira). Or, rien n’indique que K. Nubukpo a tort lorsqu’il écrit que « l’extraversion des économies de l’UEMOA rend quasiment sans intérêt le fait de partager la même monnaie ». Et l’on ne voit pas très bien comment une monnaie à l’échelle de la CEDEAO modifierait cette situation. Par ailleurs, tout se passe comme si on peut envisager l’économie politique du CFA, en particulier le bénéfice qu’en tireraient les élites urbaines et elles seules ou la « surtaxe » que paieraient les agriculteurs, mais on ne doit jamais aborder l’impact différent de la monnaie commune sur la situation particulière de chacun des pays. La question de savoir s’il n’est pas préférable pour chacun des pays d’avoir sa propre stratégie monétaire est soigneusement éludée. II est pourtant clair que le CFA a servi différemment (et pas toujours équitablement) les intérêts des différents pays membres. La banque centrale, lorsqu'elle est commune à plusieurs pays et qu'elle est indépendante, est en réalité incapable de servir des objectifs autres que la lutte contre l'inflation. Tous les autres ajustements passent par la politique budgétaire qui reste sous l'autorité des Etats. C'est bien ce qui arrive à l'euro et qui explique les crises portugaises et grecques. Aussi longtemps que les politiques budgétaires resteront nationales, souveraines et indépendantes, ce que la banque centrale peut réussir, on peut le faire sans elle et peut-être à un moindre coût. Dès lors, tant qu’à en finir avec le CFA, il faut aussi convoquer cet aspect-ci du débat.

*Politique monétaire et croissance : les enseignements de l’analyse macroéconomique*

Près de 40% de la population de l’UEMOA vit au dessous du seuil de pauvreté [8]. C’est pourquoi, toute politique publique doit être évaluée sur sa contribution à la lutte contre la pauvreté. C’est une question de développement au sens large. Et il n’y a pas de développement possible sans une croissance du revenu par tête, pérénisable par une transformation structurelle de l’économie. La politique monétaire doit en effet servir de levier pour la croissance économique, faute de quoi elle ne servirait à rien dans des pays aussi peu développés que les nôtres, mais elle ne le peut que sous certaines conditions, dont quelques-unes sont si politiques qu’il n’est pas aisé de les réunir toutes pour des Etats différents[9]. Quelques principes de politique monétaire tirés de l’analyse macroéconomique peuvent aider à sérier les enjeux :

- La pénurie de monnaie par rapport aux besoins d'échange de l'économie réelle, est un frein à la croissance en faisant monter le taux d'intérêt (le coût du loyer de l’argent) à des niveaux qui rend beaucoup d’entreprises économiques non rentables. Un taux d'intérêt anormalement élevé restreint l'activité économique plus que de raison avec comme conséquences un niveau d'activité sous-optimal, accompagné d’un niveau de chômage excessif, ce qui appauvrit tous ceux dont le niveau de vie dépend de leur offre de travail et non des rentes de leur capital. Quand le taux d'intérêt est ainsi ‘anormalement’ élevé l'économie politique du système favorise les rentiers au détriment des travailleurs[10].

- Une politique monétaire mal adaptée conduira à l’inflation ou au chômage. La bonne gouvernance monétaire permettra de l’éviter en respectant deux principes : i) L'indépendance des autorités monétaires pour gérer la monnaie selon le mandat choisi par le parlement, et ii) la nécessité d'équilibre entre objectifs parfois mutuellement exclusifs, notamment la stabilité des prix, le plein emploi et plus récemment l’objectif de stabilité du système financier[11].

- II est impossible de satisfaire, en même temps, trois des exigences de la politique monétaire contemporaine, et même difficile et risqué d’en cibler deux parmi les trois que sont : i) assurer la stabilité des prix et le plein emploi par le contrôle des taux d'intérêts nominaux, ii) stabiliser le taux de change de la devise avec une parité fixe par rapport à une monnaie (ou un panier de monnaie de réserves) et iii) permettre la libre circulation de la monnaie sans contrôle du mouvement des capitaux. C’est « la trinité impossible » dont l’exposé le plus brillant est sans doute celui de P. Krugman[12]. Ainsi, pour contrôler le taux d'intérêt sur les marchés de capitaux, un pays doit accepter que son taux de change fluctue en fonction du taux d'intérêt relatif et de son différentiel d’inflation par rapport au reste du monde. Essayer de maintenir un taux de change fixe et un taux d'intérêt optimal pour soutenir la croissance entraînera des réallocations de capitaux (à la recherche du meilleur rendement ajusté au risque), ce qui contrariera la défense d’un taux de change fixe. L’abandon de l'Étalon Or sous l’administration Nixon aux États Unis a été une solution à ce dilemme dont il est aussi une démonstration éclatante. Les autorités américaines n'étaient pas prêtes à supporter un taux d'intérêt trop élevé par rapport aux besoins de l'économie américaine, ni à prendre le risque d'épuiser leurs réserves d’or pour maintenir la convertibilité du dollar en or.

Un deuxième cas de figure est celui d’un pays qui décide de fixer son taux de change. II doit constamment assurer qu’il a suffisamment de réserves de devises pour maintenir ce taux fixe. Pour maintenir une masse critique de réserves de change qui permet une défense crédible du taux de change, le pays doit ajuster son taux d'intérêt au niveau qui équilibre les rentrées et surtout les sorties de devises pour éviter une pénurie de devises qui peut contraindre à une dévaluation pouvant avoir des conséquences inflationnistes. L’Argentine fut contrainte de dévaluer à plusieurs reprises le cours de sa monnaie en 2001 quand le pays épuisa ses réserves pour défendre un taux de change en dollar qui n'était plus crédible.

Un risque supplémentaire d’un taux de change fixe est un afflux massif d’investissements qui provoque une inflation dont résulte, ensuite, des niveaux d’investissement et de consommation sous optimaux. Ce fut le cas de la crise Asiatique de 1997. Les pays avec des taux de change fixes peuvent stériliser l'afflux de capitaux pour éviter un taux d’inflation excessif, mais cela nécessite un taux d'intérêt qui dévie du taux sur les marchés de capitaux mondiaux (pour stériliser l’augmentation de la masse monétaire due aux apports de capitaux extérieurs). Une telle politique ne peut être mise en œuvre qu’avec un contrôle de change qui rationne l'accès aux devises étrangères. Comme toute pénurie artificielle, le rationnement de devises handicape certains acteurs économiques qui ont besoin de facteurs de production importés dans leur chaîne de production et favorise les trafics et le marché parallèle de la monnaie. La Chine est obligée de stériliser l'afflux de capitaux étrangers de sa masse monétaire en accumulant des réserves au détriment de la convertibilité des capitaux. Ce rationnement de l'accès au change favorise la corruption et la contrebande de devises qui entraînent une allocation sous optimale des ressources. Un afflux de capitaux reste un risque limité pour les pays de l’UEMOA, faute d’institutions, d’infrastructures, d’insertion suffisante au système financier global et pourrait même être une aubaine.

*Monnaie et développement en Afrique de l’ouest : Les options disponibles*

Puisqu’il est impossible, même dans un monde idéal pour la politique monétaire, de poursuivre simultanément plusieurs objectifs avec des chances de succès, des arbitrages s’imposent et tout l’art consiste à choisir l’usage de la politique monétaire qui sied le mieux au contexte et aux objectifs supérieurs de développement. Un premier scenario envisageable est celui d’une politique monétaire qui cible l’inflation et l’activité économique, par la gestion du taux d’intérêt, quitte à laisser flotter le taux de change. Ce n’est évidemment pas ce qui décrit le mieux ce qui a été la pratique de la BCEAO, qui est tétanisée par l’inflation mais s’est très peu préoccupée de croissance économique. Un second modèle consiste à cibler le taux de change par le maintien de taux d’intérêt élevés, ce qui pourrait pénaliser les activités économiques et comporte des risques pour la convertibilité de la monnaie. Les taux d’intérêt ont été souvent très élevés dans l’UEMOA mais ce n’est pas ce qui assurait le maintien du taux de change.

Le cas de figure qui stylise le mieux le fonctionnement de la BECEAO est celui qui vise le maintien de la convertibilité absolue de la monnaie, en ciblant l’inflation par la maîtrise de l’émission sans véritablement se soucier de l’activité économique. Mais il y a en réalité au moins deux façons de maintenir la convertibilité absolue de la devise : la première est la « dollarisation pure », le dollar étant la monnaie de réserve internationale, la seconde, selon le même modèle que le CFA étant le rattachement à une devise ou à un panier de devises, avec ou sans compte d’opérations.

Un autre scenario est dislocation de la zone en groupes plus petits ou en autant de monnaies nationales que de pays membres. On peut évidemment éviter cette issue extrême et rester ensemble, mais cela requiert, pour être efficace, des changements institutionnels importants. Une réforme d’une telle envergure appelle des prérequis politiques qui sont loin d’être réunis pour le moment, comme par exemple l’homogéneisation fiscale, la réduction des différences régionales d’infrastructures, les péréquations budgétaires qu’implique une solidarité fiscale effective. II s’agit de prérequis que l’Union Européenne n’a pas été en mesure de réunir complétement à ce jour, ce qui explique largement les problèmes comme la crise Grecque ou le Brexit. II n’est pas réaliste de les envisager, dans le contexte actuel de l’UEMOA, qui est une union d’états fragiles, avec une forte fragmentation ethnique et des conflits armés actifs dans plusieurs pays, dans une région déstabilisée où la survie même de certains Etats n’est due qu’à la présence de forces armées étrangères.

*L’inefficacité d’une audace somme toute conformiste*

Dans la série de plans pour réformer le Franc CFA, la proposition de Kako Nubukpo qui maintient une banque centrale indépendante avec le mandat de gérer un taux de change flottant est l’une des suggestions les plus applicables, celles qui tablent sur une monnaie de la CEDEAO ou rêvent carrément d’une monnaie continentale Africaine n’étant pas très étayées.

Cette proposition opérationnelle dépend elle-même de quatre conditions pour permettre une politique monétaire supérieure à l’arrangement actuel dans sa capacité à améliorer le développement des pays de l’UEMOA. Premièrement : une banque centrale avec la crédibilité de mettre en œuvre une politique monétaire indépendante (ciblant la stabilité des prix et la croissance en l'occurrence). Deuxièmement une zone monétaire optimale ou circulerait cette monnaie pour permettre une politique monétaire dans l'intérêt collectif. Troisièmement : des marchés de capitaux développés sans lesquels les instruments pour affecter les taux d'intérêt deviennent inefficaces. Sans marchés de capitaux, la demande macroéconomique est inélastique aux changements de taux d'intérêt. Quatrièmement : un mécanisme de décision qui permet la représentation des intérêts de tous les pays de la zone. Aucune de ces conditions n’est réunie dans la zone UEMOA, ce qui pose des risques économiques graves à la zone si cette réforme est mise en œuvre.

1 – L’aptitude d’une institution indépendante à prendre des décisions sans interférence des autorités politiques d’un pays est déterminée par la maturité de son système institutionnel, et le respect de l’état de droit. Les pays de l’UEMOA se caractérisent par la médiocre qualité de la gouvernance démocratique et le faible respect de l’Etat de droit[13]. A l’exception du Sénégal, ce sont tous des Etats fragiles, qui n’ont pas la légitimité, l’autorité ou les capacités d’un Etat souverain normal. Leurs systèmes démocratiques sont instables[14]. *La création d’une banque centrale indépendante dans ce contexte la rendrait vulnérable à la capture de ses instruments à des fin politiques de court termes. Le contexte politique de la zone rendrait une telle banque centrale non-crédible dès le départ*.[15] Sans crédibilité aucune banque centrale ne peut mettre en œuvre une bonne politique monétaire, et celle-ci serait condamnée à répliquer les erreurs qui ont entrainé l’Argentine, l'Indonésie ou le Mexique dans de sérieuses crises financières et économiques.

2- Les pays de l’UEMOA comme le reconnaît Kako Nubukpo ne forment pas une zone monétaire optimale. Une analyse de la synchronicité de l'activité économique de l’UEMOA trouve que la zone UEMOA est 10 fois moins synchronique que l’Union Européenne (Tapsoba, 2010). Cela laisse à penser qu’une banque centrale avec un mandat similaire à celui de la BCE aurait des conséquences économiques désastreuses sur les pays les plus pauvres de l’UEMOA. Plus encore, la capacité d’une telle banque à créer un équilibre entre les différents taux d'intérêt qui optimise l'activité dans différents pays, est handicapée par le manque de synchronisme de leur activité économique. Ce manque de synchronisme, reflète en grande partie l'hétérogénéité du niveau de développement et les différentes structures dans la composition de l'activité économique des membres de l’UEMOA. Dans un tel contexte la politique monétaire d’une banque centrale unique aurait des conséquences procycliques, et désastreuses pour les pays avec les plus faibles parts du PIB de la zone (nous supposons que l’influence de la politique monétaire d’une telle banque est proportionnelle au le PIB des états membres). Stiglitz[16] démontre que la non optimalité de la zone Euro, et la prépondérance des besoins de l'économie allemande ont entraîné des politiques monétaire procycliques qui ont transformé des chocs économiques transitoires en crises profondes pour des états tels que la Grèce. Remplacer la BCEAO par une banque centrale indépendante du trésor français, créerait les mêmes problèmes que ceux dont souffre les pays membres de la BCE.

3- Dans le cadre d’un taux de change flottant, la politique monétaire se conduit par l’ajustement des taux d'intérêt en fonction de l'activité économique pour minimiser les écarts de performance par rapport à l’objectif déclaré. Le mécanisme de transmission d’une telle politique monétaire dépend de marchés de capitaux développés (avec un inventaire d’obligations gouvernementales et de nombreux acteurs dont les coûts d'emprunt affectent les décisions de consommation des ménages). La faible bancarisation des pays et leurs marchés de capitaux peu profonds de l’UEMOA rendraient ce de mécanisme transmission inutilisable, car l'activité économique est fortement inélastique au taux d'intérêt. Les pays de l’UEMOA ont les marchés de capitaux parmi les moins performant sur quatre indicateurs de la qualité des marches de capitaux (taille / efficacité / stabilité / accès)[17].

4- Pour permettre le fonctionnement de la banque centrale indépendante, il faudrait un mécanisme de décision qui permet un compromis entre les intérêts des différents Etats actionnaires de la banque. Dans le contexte actuel, la prépondérance de la Côte d’Ivoire (40% du PIB de l’Union) rendrait nulle la possibilité pour les autres pays de voir leurs conditions économiques (dont la conjecture n’est pas synchronique) influencer la politique monétaire commune. Abidjan deviendrait le Berlin de l’UEMOA.

*Les retombées d’une témérité à faible risque*

Notre proposition est que, si l’on veut à la fois couper le cordon ombilical avec le trésor français, conserver les avantages de la convertibilité et éviter le risque inflationniste de la tentation d’un excès de financement monétaire dans un contexte de graves incertitudes qui pèsent sur l’euro, alors la dollarisation est une option préférable au simple rapatriement de la gestion des réserves de change.

Compte tenu du fait que les conditions idéales d’une banque centrale indépendante avec un taux de change flottant ne sont pas réunies, nous proposons une solution qui serait sous optimale (sous des conditions idéales qui permettrait une politique monétaire crédible et contracyclique) mais qui est supérieure dans le contexte réel de l’UEMO au statu quo ante et à la Kakou Nubukpo. Le principal coût de la dollarisation, l’abdication d’une politique monétaire autonome (qui n’a jamais existé et demeure irréaliste dans l’UEMOA) est plus que compensé par quatre catégories de bénéfices.

A- La dollarisation permet aux états dollarisés une stabilité monétaire qui réunit les conditions macroéconomiques pour la croissance et le développement. Les états dollarisés n’ont pas de politique indépendante parce qu’ils utilisent le dollar américain[18]. En pratique cela permet à ces pays d’avoir une inflation faible (bénéfice équivalent à celui de l’arrangement actuel avec le CFA), des taux d'intérêt nominaux et réels faibles (inférieur à ceux de la zone actuelle), et des asymétries d*e termes de l’échange faibles parce que le gros des importations et des exportations se soldent en dollars américain.* Par exemple, Panama a les taux d’intérêt les plus faibles et les plus stables de toute l'Amérique Latine. Cette stabilité permet l’emprunt en dollars américain à Panama avec des maturités de 20 à 30 ans - incroyable pour des pays en voie de développement (Zejko Bogetic, 2000). En pratique, sous un « Currency board » indexé à un panier de monnaies, le volume des échanges commerciaux avec tous les pays dont la monnaie n’est pas une monnaie de réserve est attribué au dollar américain. Plus encore, l’usage du dollar américain réduit les risques de dévaluation ce qui explique pourquoi beaucoup de pays, tels que la Bolivie, le Pérou, l’Uruguay, ou l’Argentine - qui ont subi des dévaluations suites à des crises économiques et financières sont partiellement dollarisé (Quispe-Agnoli 2002).

La dollarisation partielle est un état de fait dans lequel le dollar n’est pas reconnu comme monnaie nationale mais est utilisé comme réserve de valeur. La dollarisation évite la gestion de réserves par la banque centrale ce qui élimine une taxe implicite sur le pouvoir d’achat des usagers de la monnaie, réduit le risque de crises financières lorsque les réserves sont jugées insuffisantes pour maintenir le taux de change, et évite le rationnement de change qui nuit aux entreprises devant importer des facteurs de productions. En dernier lieu, la dollarisation a le même effet qu’une monnaie indépendante parce que le cours du dollar fluctue en fonction de la conjoncture mondiale qui est fortement corrélée avec les cours des matières premières exportées par les pays de la zone CFA, ce qui crée un effet contre cyclique (le prix des matières premières en dollar baisse quand la demande de celles-ci est faible du fait de la conjoncture mondiale). Plus encore, l’usage du dollar américain permet un ajustement des marchés des biens, des services, et du travail plus efficace que dans des économies à taux de change fixe. (Quispe-Agnoli, op. cit.).

B- L’usage du dollar américain augmente la disponibilité de capitaux. Du jour au lendemain, toute la zone économique peut emprunter en dollars - la monnaie la plus abondante dans le monde. L'accès à une masse de capital quasi illimitée, contraint seulement par la solvabilité des emprunteurs (nous verrons plus tard que la dollarisation aide à un meilleur fonctionnement des marchés de crédit), a des bénéfiques pour le développement.

1) Les importateurs ne sont plus rationnés en devises étrangères. Ce rationnement est un goulot d'étranglement pour l'activité économique de beaucoup de pays émergents comme la Tunisie, l’Egypte, l'Indonésie, ou l’Argentine parce que les entreprises exportatrices ne peuvent pas importer les équipements et facteurs de production dont ils ont besoin même quand ils sont en mesure de les régler en cash.

2) L'accès au dollar américain diminue les taux d'intérêt nominaux et réels (Zelijko Bogetic). Cela a été le cas de la Bolivie, du Brésil, du Pérou qui ont tous vu leur taux d'intérêt diminuer de plusieurs pourcents, et l’offre d’instrument de crédit augmenter en particulier par rapport à la maturité des instruments offerts par le marché. Tous ces pays ont connu une accélération de leur taux de croissance économique suite à une dollarisation officielle.

3) L’investissement direct étranger devient plus facile ce qui peut apporter une source exogène de financement pour l’infrastructure dont dépendent fortement des pays pauvres avec une forte croissance démographique [19]. Dollariser c’est permettre l’apport de capital manquant aux pays pauvres ce que les économistes Harrod et Domar[20] avaient entrevu comme solution pour combler le gouffre dans les années 40 en postulant qu’un apport de capital dans les pays pauvres leur permettrait de rattraper leur retard de croissance parce qu’ils ont un rendement supérieur du capital[21].

C- L’usage du dollar diminue les coûts de transaction du commerce international. Selon Frankel et Rose (2002) les pays qui partagent la même devise, indépendamment de la distance qui les séparent, multiplient par trois leur volume d'échanges réciproques. Cette augmentation du volume des échanges commerciaux se fait en plus, et non au détriment, des échanges commerciaux qui existent avec les pays qui ne partagent pas la même devise. Leurs résultats empiriques montrent que le partage d’une même devise augmente le niveau de revenu par 33% sur une période de 20 ans en faisant augmenter la croissance. Plus encore ces résultats suggèrent une chaine de causalité. Sachant que le dollar est la devise la plus utilisée dans le monde, et qu’elle sert de monnaie d'échange entre pays qui ne partagent pas la même monnaie, dollariser la zone CFA aura des conséquences majeures sur la croissance économique et le niveau de vie des pays concernés. La question peut légitimement être posée de savoir si l’on ne peut pas obtenir les mêmes résultats en « euro-isant »[22] l’UEMOA. II n’en est rien, car même si l’on fait abstraction du danger d’importer les risques de fonctionnement qui déstabilisent actuellement la zone Euro, en raison de la plus faible part de l’Euro comme monnaie de réserve à l’échelle mondiale, les avantages d’une « euroisation » seront bien plus faibles que ceux d’une dollarisation. En fait, comme le souligne B. Tinel, « la valorisation des exportations des zones franc est conditionnée par l’évolution du taux de change entre l’euro et le dollar, lequel ne dépend quasiment pas de la politique monétaire pratiquée par les banques centrales des zones CFA »[23].En dollarisant, on élimine un intermédiaire superflu.

D- La dollarisation facilite l'entrée de banques étrangères dans le marché domestique, parce que l’usage du dollar américain rend la structure des coûts des opérations bancaires rentable (en diminuant le risque de dévaluation et en évitant la duplication des frais de gestion due à une autre monnaie). La compétition que ces acteurs opposent aux banques domestiques favorise une amélioration des standards d’octroi de crédit (moins de prêt « connectés »[24], et plus de prêts à des acteurs auparavant négligés). En plus d’une amélioration de la qualité des crédits, les acteurs étrangers favorisent le développement des marchés financiers et la bancarisation de l'économie (Bogetic). La possibilité pour des banque étrangères d’offrir des services à Panama explique le rôle central que la place financière de Panama joue dans la région avec les revenus du secteur qui contribuent pour 80% du PIB. Plus encore, l’usage du dollar américain favorise la bancarisation du système en facilitant le développement de méthodes de paiement électronique. Les pays dollarisés nécessitent une base monétaire plus faible proportionnellement à leur PIB. Un fort taux de bancarisation et des marchés de capitaux efficaces sont des prérequis au bon usage des outils de gestion monétaire nécessaire dans un régime de taux de change flottant (dont le bienfait essentiel est de permettre que la régulation de l'activité par les taux d'intérêt soit efficace).

La dollarisation supprime la responsabilité de gestion monétaire de la banque centrale qui peut se concentrer sur la régulation macro-prudentielle essentielle à des marches de crédit fonctionnels. En effet dollariser ne serait pas efficace en l’absence d’un tissu de régulation qui permette aux marchés de crédits un bon fonctionnement (bonne gestion de risque, mitigation efficace de la fraude, information sur les emprunteurs facile d'accès …). Compte tenu du fait que le dollar est la monnaie la plus utilisée dans le monde et que les taux d'intérêt des prêts en dollar (sans risque de change) ont historiquement été plus bas que ceux de toute autre devise de pays émergents, cela revient à donner à des pays nécessitant des capitaux un accès à une source quasi infinie de liquidité avec comme seule limite la solvabilité des emprunteurs, et non l’offre de liquidité. Historiquement le rôle de la banque centrale fut celui de créancier de dernier recours pour éviter des paniques bancaires, et assurer que les entreprises ont le crédit nécessaire pour fonctionner. Dans une zone dollarisée, la banque centrale perd la capacité d'émettre des liquidités pour sauver des banques insolvables (cependant cette fonction peut être assurée par des lignes de crédits en dollar garanties par une caisse d’assurance des dépôts). En contrepartie de ne plus pouvoir émettre des réserves, la banque centrale peut se concentrer sur la création des conditions pour que les banques d’affaires prêtent le maximum qu’il soit prudent de faire, réhabilitant ainsi le financement de l’économie par les banques et la prise de risque, qui sont l’essence même de l’activité banquière et qui font cruellement défaut dans l’UEMOA. II est vrai, à la décharge des banques, que les taux de couverture excessif de l’émission pratiqué par la Banque centrale ne constituent pas un signal encourageant pour la prise de risque.

Conclusion

Le CFA n’est plus soutenable, parce qu’il ne sert pas suffisamment de levier pour la transformation et le développement des pays de l’UEMOA et, l’Euro étant déstabilisé, il n’est même plus la garantie d’une stabilité durable. De plus, les pays africains diversifiant lentement mais inexorablement leurs partenariats commerciaux s’ouvrent à la Chine, à l’Inde et à la Turquie qui commercent en dollar.

La dollarisation, n’est évidemment pas une panacée. Deux critiques lui sont souvent opposées. Elle est plus efficace dans les zones monétaires optimales (Tapsoba, 2010) et l’UEMOA n’en est pas une. Cependant, il est plus facile de quitter une zone dollarisée - en créant sa propre monnaie par exemple- qu’une autre zone monétaire non optimale comme le démontre les difficultés de certains pays dans l’Euro ou l’expérience malienne d’une sortie du CFA en 1962 suivi d’une dévaluation de 50% en 1967 et finalement d’un retour peu glorieux en 1984.

Deuxièmement, la dollarisation implique une perte de revenu de seigneuriage. Cependant, une dollarisation officielle peut être négociée avec un accord de partage des revenus du seigneuriage qui peuvent représenter une manne importante pour les pays de l’Afrique de l’ouest. Ces revenus pourraient être alloués au financement d’investissements en infrastructure par exemple. Plusieurs formules de partage des revenus du seigneuriage existent, dont celle de Barro 1999 qui fut envisagée (mais pas adoptée) par l’Argentine en 2001.

La dollarisation de l’Afrique de l’ouest devrait aussi être acceptable pour la France, à en juger par l’opinion des principaux courants politiques. Les extrêmes de droite et de gauche veulent mettre fin au CFA pour respecter la souveraineté et l’indépendance des pays africains, les autres voulant plutôt transférer à l’Europe la coopération avec l’Afrique et ouvrir les autres pays africains aux entreprises françaises. Pour le trésor français, l’impact est infime, puisque les réserves des pays de toute la zone CFA en dépôt auprès du trésor français ne sont que de l’ordre de 0,5% de la dette publique française. La France restera influente en Afrique, mais cette influence ne passera plus par la monnaie.

L’expérience et l’expertise de la BCEAO pourront être déployées dans chaque pays, dans un rôle éminemment utile pour la croissance, la diversification et la transformation des économies en les concentrant sur la régulation et le développement du secteur financier.

Enfin la dollarisation est un bon moyen pour éviter un plongeon dans l’inconnu en cas de déclenchement d’un processus de déconstruction de l’Euro consécutive à la victoire d’un pays europhobe, en France ou ailleurs en Europe.

References bibliographiques.

Alesina, A. & Barro, R. J. May 2001. Dollarization. Unpublished Manuscript. Harvard University.

Bogetic, Z. F 2000. Official Dollarization: Current Experiences and Issues. Cato Journal, 20(2)

Frankel, J. & Rose, A. Feb 2002. An Estimate of the Effect of Common Currencies on Trade and Income. Quarterly Journal of Economics, 117(2): 437-466.

Mishkin, F.S. 2006. The Next Great Globalization: How Disadvantaged Nations Can Harvess Their Financial Systems to Get Rich. Princeton, NJ: Princeton University Press.

Quispe-Agnoli, M. July 2002. Costs and Benefits of Dollarization. Prepared of the Conference “Dollarization and Latin America: Quick Cure or Bad Medicine?” - Latin American and Caribbean Center.

Tapsoba, S. J-A. 2010. Trade Intensity and Business Cycle Synchronicity in Africa. African Development Review, 22(1), 149 - 172.

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Swan, Trevor W. (November 1956). "Economic growth and capital accumulation". Economic Record. Wiley. 32 (2): 334–361.

Sur Wikipedia: https://en.wikipedia.org/wiki/Solow%E2%80%93Swan_model

Harrod, Roy F. (1939). "An Essay in Dynamic Theory". The Economic Journal. 49 (193): 14–33

Domar, Evsey (1946). "Capital Expansion, Rate of Growth, and Employment". Econometrica

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[1] Kiari LIMAN-TINGUIRI, Dr (hdr) est économiste du développement, ancien universitaire et ex-fonctionnaire de l’ONU. Zacharie LIMAN-TINGUIRI, (MA ec. et MBA) est analyste financier.

[2] Qui se veut un « Policy Paper » et non un article académique pour revue scientifique, ce qui explique le style qui privilégie l’intelligibilité par le plus grand nombre et évite le jargon des économistes, à chaque fois qu’il est possible de le faire sans sombrer dans un simplisme caricaturant le propos.

[3] Voir par exemple l’ouvrage collectif de Kako Nubukpo, Martial Ze Belinga, Bruno Tinel et Demba Mussa Dembélé « Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. A qui profite le franc CFA ? ». Editions MLQ dispute Paris, 2016.

[4] K : Nubukpo op. cit.

[5] Construite à partir du même suffixe que dilemme, pour désigner une contribution majeure du R. Mundell, économiste canadien, lauréat du prix Nobel d’économie, qui a montré le premier, qu’en économie ouverte, lorsque les capitaux circulent librement et que le taux de change est fixe, alors la politique monétaire perd de son efficacité pour produire la croissance et réduire le chômage.

[6] Les plus anciens se rappelleront que l’on échangeait les billets CFA partout en Europe contre toutes les devises, la Banque de France rachetant ensuite ces billets contre du franc français, jusqu’à ce que « l’exportation de valises de billets CFA » via le Nigeria, attesté par des rachats sur les places de Londres et de Zurich totalement disproportionnés par rapport au volume justifiable par les transactions commerciales avec le Nigeria, entraîne la suspension, puis la suppression pure et simple de ce mécanisme.

[7] BCEAO. Evolution des investissements directs étrangers dans les pays de l’UEMOA au cours de la période 2000-2011. Janvier 2013.

[8] BCEAO. Rapport sur la situation de la pauvreté dans les pays de l’UEMOA. 2012.

[9] Stiglitz J. The Euro ; How a common currency threatens the future of Europe. W.W. Norton & Company. New York 2016.

[10] J.M. Keynes : Théorie générale de l’emploi et de l’intérêt et de la monnaie.1936.

[11] Milton Friedman: The role of the central Bank

[12] Krugman P. On peut trouver une présentation accessible dans The economist http://www.economist.com/news/economics-brief/21705672-fixed-exchange-rate-monetary-autonomy-and-free-flow-capital-are-incompatible .

[13] Tous les indicateurs de fragilité des états et tous les évaluateurs de la qualité de la gouvernance décrivent ces états, même lorsque leurs gouvernements sont élus légalement, comme manquant d’institutions stables et souffrant d’un manque de mementum démocratique. World Justice Project, World Bank Governance Indicators, Democracy Index, BTI transformation Index ou Freedom house’s fragile state Index.

[14] On se souvient tous des « mesures » prises contre la BCEAO par le président ivoirien Laurent Bagbo en décembre 2010, pendant la crise postélectorale, au motif qu’il jugeait la Banque centrale fautive d’exécuter une décision de son conseil des ministres qui lui est défavorable.

[15] Le gouverneur de la BCEAO, nécessairement un ivoirien, est désigné souverainement par le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. II faut savoir que celui de la Banque d’Angleterre, parce que l’institution est indépendante, est actuellement un canadien, choisi par son conseil sur la base exclusive de la compétence sur une liste de postulants, pour prendre toute la mesure de la distance qui nous sépare de ce qui est requis pour crédibiliser une Banque Centrale indépendante.

[16] Stiglitz J. Op ;Cit

[17] World Bank. Bond Market Development Indicators, 2006.Voir aussi IMF Working Paper WP/13/12 Bonds Market in Africa. Yibin Mu, Peter Phelps, and Janet G. Stotsky. January,1,2013.

[18] Toutefois, sur le plan symbolique, il n’y a pas de stigmatisation néocoloniale parce que le dollar étant la monnaie la plus utilisée au monde, son utilisation n’entraîne aucune influence politique de la part des USA. Ainsi, la Chine maintien des réserves immenses en dollar. La RDC et le Zimbabwe ont dollarisé, de façon officieuse, pour se sortir de situation d’hyperinflation. Qui pourrait considérer pour autant que le camarade Bob est une marionnette américaine ?

[19] En toute conformité avec les enseignements de modèles célèbres et célébrés dans les manuels d’économie les plus illustres comme celui dit de Solow-Swan (avec un taux de croissance démographique donne, un apport exogène de capital pour l’investissement est nécessaire pour une croissance plus forte), ou encore Mishkin (pour l'investissement direct étranger).

[20] Les articles fondateurs du fameux modèle qui a enthousiasmé des générations d’étudiants en économie sont : Harrod, Roy F. (1939). "An Essay in Dynamic Theory". The Economic Journal. 49 (193): 14–33 et Domar, Evsey (1946). "Capital Expansion, Rate of Growth, and Employment". Econometrica. 14 (2): 137–147.

[21] Pour la petite histoire, l’objectif de consacrer 0.7% du PIB des pays développés à l’Aide Publique au Développement viendrait d’un calcul de coin de table appliquant le modèle de Harrod-Domar pour estimer les besoins en capitaux des pays pauvres, lors d’une réunion des Nations Unies dans les années 1970.

[22] Faire circuler directement l’Euro, sans l’intermédiation par le Trésor français, ni Banque d’émission.

[23] Bruno Tinel. Ch. 4. Page 113 ; in K. Nubukpo et al. Op.cit.

[24] Prêts fréquemment octroyés, dans des pays à forte corruption, à des personnes recommandées par des politiciens, sans considération de la viabilité économique de l’activité financée.